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Stephen Sollows 

Je m’appelle Stephen Sollows, j’ai 64 ans et j’habite à Sand Beach (Nouvelle-Écosse). Je suis un homme blanc privilégié qui n’a jamais eu de difficulté particulière à vivre. Je suis né dans une famille aimante et unie. Nous avons été élevés pour voir le verre toujours à moitié plein et mes enfants reconnaissent également cette vérité. Mes parents ont tous les deux mené une vie saine jusque dans les années 90. Quelle chance nous avons eue!

Mon histoire a commencé en avril 2021 quand, en me séchant après la douche, j’ai remarqué une légère sensibilité chaque fois que la serviette effleurait une partie de mon dos. En me penchant en arrière, j’ai légèrement appuyé dessus avec mon pouce et j’ai eu l’impression que c’était un vulgaire bleu. Je suis quelqu’un de très actif et il m’arrive de tomber; donc, ce n’était pas un problème, sauf que je me suis rendu compte que je n’étais pas tombé sur le dos récemment. Deux semaines passèrent et la sensation de bleu était toujours là. J’ai décidé d’appeler mon médecin. En mai, j’ai pu le voir. À ce moment-là, j’avais aussi des spasmes musculaires et il a senti que j’avais une articulation déplacée. Il a essayé de la remettre en place, mais son geste n’a causé que de la douleur et aucun soulagement ou changement à mon état. Je suis retourné chez lui quelques semaines plus tard quand j’ai découvert qu’une petite bosse à l’endroit qui semblait endolori. Il a décidé que je devais passer une radiographie; il m’a également été renvoyé à un chiropraticien qui ne semblait pas parvenir à me soulager. La radiographie a montré l’usure normale pour mon âge, rien de vraiment inhabituel, à part une ombre qui n’était pas clairement définie. J’ai ensuite passé une tomodensitométrie.

Une fois la tomodensitométrie faite, j’ai été immédiatement convoqué dans le bureau de mon médecin un lundi matin, à 8 h 30. Je me doutais bien que les nouvelles étaient quelque peu inquiétantes. Il m’a fait asseoir et m’a dit que j’avais un cancer du poumon métastasé de stade IVB. Il était situé dans mon lobe gauche, ma colonne vertébrale, les os de ma colonne vertébrale, ma hanche, mon bassin, mon ischion et probablement, mon foie. Il a ajouté que les os de ma colonne vertébrale étaient si touchés qu’il m’a suggéré d’arrêter mes activités et de me procurer des livres à lire. C’était une nouvelle choquante. J’ai toujours été en bonne santé. J’étais très actif; je ne buvais pas, ne prenais aucun médicament ou aucun médicament sur ordonnance, je n’étais ni obèse ni en surpoids, je n’avais pas de diabète ou un problème de santé préexistant. Cela me semblait, disons… bizarre. Puis je me suis dit que je connaissais des personnes qui avaient eu un cancer du poumon de stade 4 et qui, dans les trois mois suivant leur diagnostic, étaient décédées. Mon médecin m’a dit qu’il n’avait pas les détails des nombreux nouveaux traitements et thérapies contre le cancer, mais que de nombreux traitements avaient permis de meilleurs résultats pour les patients qu’il y a quelques années à peine. Il allait prendre également rendez-vous avec un chirurgien thoracique à Halifax et me donner des nouvelles dans les cinq jours.

J’ai quitté son bureau. Je suis monté dans ma voiture et je me souviens avoir dit : « Merde, merde, merde, merde, merde ». Et maintenant, je fais quoi? Que dire à ma famille? Comment le leur dire? Comment leur annoncer cette nouvelle?

J’ai tendance à parler franchement et à aller droit au but. Je préfère recevoir d’abord la mauvaise nouvelle. Je ferai la même chose avec eux. Je ne mettrai pas de gants, mais je ne tournerai autour du pot non plus. Je leur dirai exactement ce que je sais et ce qu’on m’a dit.

C’est ce que j’ai fait. Je suis rentré chez moi et je l’ai immédiatement dit à ma femme et à mon fils qui étaient à la maison. J’ai fait un appel Zoom pour informer mes deux filles et leurs partenaires. Il était clair que c’était choquant pour eux, mais maintenant au moins, nous avions tous la même information. J’ai immédiatement constaté que c’était plus dur pour ma famille que pour moi. C’était douloureux.

Les deux premiers jours, je dois dire que j’étais un peu étourdi. J’imaginais que je vivrais peut-être deux ou trois mois et que mon état se détériorerait probablement assez rapidement. À ce stade, je ressentais un certain inconfort, une sensation de choc dans le dos lorsque je marchais et une douleur dans le dos la nuit lorsque je dormais d’un côté. J’ai senti que je devais accomplir beaucoup de choses en peu de temps. Notamment, nettoyer les « saletés » accumulées au cours de ma vie afin d’épargner à ma famille la douleur et les problèmes associés au désencombrement. Tant de choses dont il faut se débarrasser. Je l’ai fait, ou du moins j’en ai fait une grande partie.

Je suppose qu’il est facile pour chacun de nous de tenir sa vie pour acquise. J’en sais plus maintenant et je me sens peut-être le plus heureux que je l’aie jamais été. Oui, il y a des défis en cours de route, mais ces défis ont été des montagnes faciles à gravir pour moi à ce jour. Comment peut-on en demander plus?

Trois jours plus tard, j’ai reçu un appel de mon chirurgien thoracique. Après un bref examen de mon état, il était clair que j’avais besoin de voir un radio-oncologue et un cancérologue interniste. Des rendez-vous ont été pris et très vite, on m’a programmé d’autres tests et une réunion avec mes oncologues. Ils m’ont posé des questions et m’ont donné beaucoup d’informations détaillées qui m’ont aidé à prendre des décisions; ils m’ont aussi donné une lueur d’espoir sur ma situation apparemment désespérée. Une biopsie pulmonaire était nécessaire pour déterminer exactement le type de cancer que j’avais et les types de traitements ou de thérapies correspondants. Mon cancérologue interniste a également dit que je pouvais avoir une mutation génétique, qu’il y avait environ neuf types de mutations génétiques et qu’environ six d’entre elles étaient quelque peu traitables pour prolonger la vie. « Ouais, bien sûr », ai-je pensé, « quelles sont les chances que j’aie une mutation génétique? »

Le cancer étant la cause de l’instabilité et de la dégradation de ma colonne vertébrale, j’ai commencé une radiothérapie pour la guérir, avant même que les tests génétiques ne soient effectués. Elle s’est très bien déroulée et j’ai ressenti peu d’effets secondaires.

Presque trois semaines plus tard, j’ai obtenu les résultats des tests génétiques : j’avais une mutation traitable avec une seule pilule par jour, qui s’appelait Tagrisso (osimérinib) et qui pouvait ralentir l’évolution de mon cancer, voire le réduire. J’avais l’impression que je venais de gagner à la loterie, cela m’importait peu qu’il y ait beaucoup de « peut-être ». C’était la meilleure nouvelle que j’avais obtenue à ce stade. C’était un jour heureux.

La radiothérapie a rapidement éliminé l’enflure de mon dos. J’ai commencé à prendre le Tagrisso et je me sentais à nouveau bien. J’allais maintenant commencer un autre traitement, Ie Xgiva (denosumab) pour renforcer mes os malades. Il a marché aussi. Je me souviens d’une scène de « A Christmas Carol » quand Scrooge descend la cage d’escalier le matin de Noël et attrape par les bras Mme Dilber, sa femme de ménage et son souffre-douleur depuis longtemps, et lui donne un baiser suivi d’un « Joyeux Noël ». Elle panique et crie. Comme elle, je n’arrive pas à croire le cadeau incroyable que j’ai reçu, bien que le mien se présente sous la forme de traitements et de thérapies modernes qui m’aideront à prolonger ma vie. Incroyable, mais c’est arrivé!
Un mois après le début de mon traitement ciblé, j’ai passé une tomodensitométrie. Ma tumeur pulmonaire avait diminué de 45 %. La vie est belle. Je ne souffre plus. Je me sens tout simplement normal. Et donc, je reprends ma vie normale, sauf que maintenant je me réveille tous les jours avec le sourire, je vais au lit tous les soirs avec le sourire et je profite de tous les aspects de la vie. Je suis très reconnaissant.

Je suppose qu’il est facile pour chacun de nous de tenir sa vie pour acquise. J’en sais plus maintenant et je me sens peut-être le plus heureux que je l’aie jamais été. Oui, il y a des défis en cours de route, mais ces défis ont été des montagnes faciles à gravir pour moi à ce jour. Comment peut-on en demander plus?

Pour finir, je me souviens avoir montré, il y a de nombreuses années, une image prise par le télescope spatial Hubble à l’école du dimanche. Elle avait été prise dans la zone la plus sombre du ciel, là où l’on ne peut probablement rien voir. Mais étonnamment, cette image montre clairement des dizaines de galaxies spirales vivantes dont on soupçonnait peu l’existence. Cette image me rappelle l’énorme quantité de matière qui existe. Lorsqu’on se rend compte que nous ne sommes vivants que parce que les bons éléments, dans la bonne atmosphère, sur la bonne planète, dans le bon système solaire existent et qu’ils ont produit la vie et vous et moi.

Eh bien, les chances réelles que l’un d’entre nous soit ici aujourd’hui sont vraiment d’environ 0 %. Tout bien considéré, comment ne pas être heureux d’être ici et de recevoir cette prolongation de vie. Je dois conclure, je ris à nouveau! Oh…Joyeux Noël à tous!

Stephen Sollows
Patient atteint d’un cancer de stade 4B
Yarmouth (Nouvelle-Écosse)

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