Novembre, sensibilisation pour le cancer du poumon : Ce tueur silencieux
Je me présente ; Catherine Laplante, une fille ordinaire qui lutte contre un cancer du poumon de stade 4 depuis 2 ans. Le 8 septembre 2022, j’ai appris cette terrible nouvelle. J’avais à peine 41 ans, non-fumeuse en parfaite santé, j'ignorais complètement que c'était possible.
Voici mon histoire:
Juillet 2022 : Une douleur dans la région des côtes qui persiste m’amène à consulter mon médecin de famille. Après un examen physique, je ne voyais pas la nécessité de faire une radiographie, car la douleur n'était pas intense au point de croire à une fracture. Je quitte mon rendez-vous avec une ordonnance d'anti-inflammatoire et de relaxants musculaires en main.
Le 8 août 2022 : Je consulte à nouveau, car la douleur s'est aggravée, je suis essoufflée et j'ai du mal à respirer. À la suite d’une échographie, la radiologue me mentionne qu'il y a une problématique. Il y a énormément de liquide sur mon poumon et entre le poumon et la couche protectrice de celle-ci (la plèvre). On me demande de me présenter immédiatement à l’urgence et de remettre à l'infirmière les résultats de cet examen qui avait révélé un épanchement pleural massif. Après mon admission à l’urgence, on m’hospitalise pour une durée de 10 jours.
Après avoir retiré les deux litres de liquide sur mon poumon à l'aide d'un drain thoracique, me faire passer tous les examens inimaginables, lors de mon départ pour la maison, seulement une infime portion des résultats de mes examens étaient disponibles. On peut me confirmer que la biopsie a révélé la présence de cellules malignes dans le liquide prélevé et que j'ai une masse sur le poumon droit, mais on ne sait pas s'il s'agit d'une métastase ou d'un cancer primaire. Je quitte l'hôpital avec un rendez-vous au centre intégré d'oncologie pour le 8 septembre. On me mentionne que j’aurai alors plus de détails et que les autres résultats seront enfin disponibles. Avec tous les détails en main, l’oncologue pourra établir un diagnostic et me proposer un plan de traitement.
Imaginez l'attente...
8 septembre 2022 : Le médecin me confirme le pire... C'est bien un cancer du poumon, un adénocarcinome de stade avancé, mais selon l'oncologue, pris à temps... Aucune métastase à distance, mais une atteinte à l'enveloppe de mon poumon. C'est pour cette raison qu'on me déclare stade 4 (le pire stade). Puisque mon cancer est génétique (mutation génétique à ne pas confondre avec héréditaire), j’ai accès à une thérapie ciblée. Il s'agit d'un comprimé que je dois prendre tous les jours. Malheureusement, le corps peut développer une résistance à ce médicament miracle. C'est ce qui m’est arrivé en août 2024. Il était impossible de traiter ma nouvelle progression avec la radiothérapie ou une chirurgie. On a dû envisager un nouveau traitement systémique. Le meilleur choix pour moi était une chimiothérapie combinée à une nouvelle thérapie ciblée que j'ai débuté le 7 octobre 2024.
Il est crucial de mettre fin à la stigmatisation et d’intensifier nos efforts pour la prévention, le financement et la facilité d'accès aux nouveaux traitements afin que nous puissions améliorer la survie des gens atteints du cancer qui fait le plus de ravage dans le monde. “
Je ne suis pas seule …
Traditionnellement, le cancer du poumon a souvent été associé aux gens d’un âge avancé. Une étude récente a démontré une augmentation importante des cas chez les gens âgés de 55 ans et moins. Aux États-Unis, ce sont 10% des nouveaux cas de cancer qui sont diagnostiqués chez des jeunes. Des personnes n’ayant jamais fumé en parfaite santé qui ne présentent quasi aucun symptôme. Malheureusement, 75% d'entre eux seront diagnostiqués à un stade 4.
Octobre pour le cancer du sein
Le mois d’octobre est consacré à la sensibilisation du cancer du sein. Il s’agit d’une période importante pour de nombreuses femmes et familles touchées par la maladie. Je suis reconnaissante des efforts réalisés par plusieurs médias afin de soutenir la cause. Après tout, le cancer du sein demeure celui qui touche le plus de femmes au Canada (12.5 % des cancers). Heureusement, grâce à la prévention, aux recherches et aux traitements de plus en plus efficaces, il est possible d'éradiquer rapidement la maladie et d’espérer une guérison qui peut atteindre 90%.
Le cancer du poumon devrait préoccuper autant
Malgré qu'il demeure depuis plusieurs années la première cause de décès par cancer dans le monde (hommes et femmes confondus), ce dernier ne semble pas avoir la même notoriété que les autres cancers. Pourtant un plus grand nombre de Canadiens décéderont du cancer du poumon que des cancers colorectal, pancréatique et du sein combiné. Le taux élevé de décès (taux de mortalité) attribuable au cancer du poumon reflète à la fois son taux élevé de diagnostic (taux d’incidence) et son faible taux de survie. Chez les femmes, le cancer du poumon est le deuxième plus susceptible de les toucher au cours de leur vie.
La stigmatisation est un obstacle au diagnostic et aux soins
Des recherches ont démontré que la stigmatisation associée à un diagnostic de cancer du poumon peut être un obstacle pour les patients qui cherchent un traitement médical. La recherche sur le cancer a permis d’énormes avancées sur le diagnostic et dans les traitements possibles. Pourtant, la recherche sur le cancer du poumon est relativement sous-financée, surtout si on la compare aux investissements dans d’autres types de recherche sur le cancer. Les campagnes de sensibilisation en lien entre le tabagisme et le cancer du poumon ont certainement contribué à réduire le nombre de Canadiens qui fument, mais elle a peut-être donné l’impression que cette population est à blâmer pour leur cancer. Pourtant, dans le monde, le taux de cancers du poumon chez les non-fumeurs est en hausse. Une étude Britannique a conclu, sur une cohorte de non-fumeurs, que le pourcentage était passé de 13 % en 2008 à 28 % en 2014. Selon un article récent publié par National Geographic, à Taiwan, ce sont deux non-fumeurs sur trois qui sont diagnostiqués avec un cancer du poumon à chaque année. Nature Reviews, estime que globalement, 25% des gens n’ayant jamais fumé sont diagnostiqués et que ce chiffre augmentera de 50% d’ici 2040. Il est également important de noter qu’en 2023, le cancer du poumon chez des patients non-fumeurs était au cinquième rang des décès mondiaux.
Alarmant n’est-ce pas ?
La pollution de l’air deviendra le nouveau tabac
Nous avons le contrôle sur ce que nous consommons, sur le fait d’adopter ou un mode de vie sain, mais qu’en est-il de l’air que nous respirons? De nombreuses études ont démontré que l’augmentation de la pollution, l’exposition au radon et les cas de cancers du poumon chez les non-fumeurs augmentent avec les années. Ce sont majoritairement des gens en santé qui ne présentent aucun symptôme. Récemment, des chercheurs français ont pu confirmer une association épidémiologique entre la pollution de l’air et une des mutations génétiques la plus courante chez les patients.
La prévention, la clé du succès
Le faible taux de survie est relié au fait que plus de 50% des cas sont diagnostiqués trop tard. C’est pour cette raison qu’il faut redoubler nos efforts afin de dépister cette maladie rapidement. D’ailleurs, selon l'Association Pulmonaire du Canada, le dépistage au Québec est en retard par rapport aux autres provinces et sur d’autres types de cancer fréquent. Pourquoi ? Cette question demeure sans réponse…
Difficulté d’accéder aux traitements
Au Québec et au Canada, il est excessivement difficile d’avoir accès gratuitement à de nouveaux médicaments prometteurs. Ces difficultés sont dues à la lenteur que prennent les autorités compétentes notamment; Santé Canada et l’institut Nationale d’excellence en santé et services sociaux (INESS) à réviser leurs dossiers et statistiques. L’approche médicale doit se concentrer sur des traitements personnalisés adaptés aux spécificités biologiques et génétiques de chaque patient. Le gouvernement n’est pas du tout sur le point d’offrir ce modèle de soin aux patients.
Novembre, mois de sensibilisation pour le cancer du poumon
En novembre, faites résonner mon message haut et fort…
Il est crucial de mettre fin à la stigmatisation et d’intensifier nos efforts pour la prévention, le financement et la facilité d'accès aux nouveaux traitements afin que nous puissions améliorer la survie des gens atteints du cancer qui fait le plus de ravage dans le monde.